UN MONDE D'AVANT CELUI D'AVANT AUJOURD'HUI...
UN MONDE D’AVANT 1 (1-2)
En farfouillant dans des archives familiales j’ai retrouvé des pièces originales concernant mes ascendances côté branche paternelle datant de la 2ème moitié du 19ème jusqu’aux années 60 du siècle dernier.
La curiosité, l’envie et l’intérêt portés à ces documents officiels, rédigés dans le style et la calligraphie de l’époque (actes notariés : mariages- ventes et loyers immobiliers - quittances -cessions à titre de licitation- baux de fonds de commerce – livret de famille…) m’ont plongé sans transition dans le monde d’avant et celui d’avant avant…
Très vite, j’ai éprouvé le besoin de partager mes coups de cœur en les « couchant » sur une page blanche et en y associant pour partie un écrit déjà commis dans un passé relativement proche (cf. Sidonie).
(Les mots et phrases en italique sont extraits des documents consultés)
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Il était une fois
Une mémère Ninie
Qui ne laissait personne indifférent...
Sidonie, Louise, Eugénie V .
Née un 22 août 1885
A Origny le Roux
D’un légitime mariage
Entre le sus-nommé Anthony V.
Propriétaire
Tombé en amour
Avec une certaine Célestine L.
J’imagine
Dans un petit coin
Du bocage ornais
A l’ombre d’une meule de foin
Au prétexte d’une ballade à bicyclette ...
Devenue grande et majeure,
Le 15 septembre 1919
Mademoiselle Sidonie prit pour époux
Julien, Gustave C.
Né à St-Aubin de Bonneval
De Désiré - Stanislas C
Qui avait « conclu »
Sans doute pour le meilleur
Avec Marie, Céline L.
Débitant
De dix ans son aîné
Veuf en premières noces
Sans enfant
Julien apporta « en mariage »
Habits, linge, vêtements, bijoux
Et autres objets à son usage personnel
Le tout pour 17 900 francs
Argent comptant, indemnité de démobilisation
Mobilier, marchandises de sa cave
Fonds de commerce de débit de boisson
Clientèle comprise…
Sidonie ne fut pas en reste
Vêtements, linge et bijoux
Objets mobiliers
Services de table ou à café
Buffet et table de cuisine
Une nappe et six serviettes assorties
Trente torchons
Qu’elle se garda bien
De ne pas mélanger aux serviettes...
Sans oublier l’essentiel
Un matelas de lit estimé à deux cents francs
A toute épreuve
Seize taies d’oreillers
Pour dormir sur ses deux oreilles
Et un couvre-pieds
Histoire d’avoir quand même chaud
En cas de brouille temporaire
Un montant total estimé à 4200 Francs.
Ce qui devait arriver arriva
Fruit d’un amour passionné
Bernard, Julien, Anthony
Pointa le bout de son nez en 1921
Il ne savait pas encore
Qu’il deviendrait un jour
Le papa d’une fratrie de cinq...
Deux ans plus-tard
Sidonie et Julien acquirent
Une maison d’habitation à usage commercial
Pour « une entrée en jouissance » au 1er septembre 1923
Jouissance j’imagine bien...
Mais « entrée » ?
L’acte notarié précise
« La preneuse jouira de l’immeuble
En bon père de famille
Bonne mère !
Sans y commettre ni souffrir
(Souffrir pour jouir
Ou jouir en souffrant
C’est selon)
aucune dégradation ni malversation »
Ils devinrent exploitants du
« Café de la terrasse »
Et d’un fonds de commerce de grainerie
Rue de l’Église à Gacé
De quoi « ambiancer » les paroissiens du dimanche…
Prévert n’aurait pas dit mieux
Douze verres à liqueur dégustation
Douze verres à malaga
Six verres à apéritifs à l’eau
Dix verres à apéritif (sans eau)
Vingt et un verres à bière
Dix verres à vin
Deux tonneaux (12 et 13 hectolitres)
Trois bonbonnes
Trois petits fûts
Tournée générale !
Il est des nô-ôtres...
Du pain et des jeux !
Trois jeux de dominos
Cinq marques
Deux jeux de cartes
Quatre jeux de zanzibar
Un jeu de dames
De cœur sans doute
Un jeu de baisette
La surprise de la patronne …
Quant au billard et sa marque : Russe…
Une histoire de boules
De trous, de quilles et de champignon
Accrocs interdits
(Rien à voir
Avec le jeu de « baisette »)
Sur tapis vert
Noyé dans les volutes de fumée
Sept cendriersqui mégotent à gogo
A toutes fins utiles :
La bézette : jeu de hasard, d’estaminet , d’origine picarde. Trois dés, des anneaux, des tiges pour mériter les faveurs de la patronne, ricanaient les plus « coquins »…
Le zanzibar : ancêtre du jeu de dés « 421 »
autant de jeux traditionnels qu’il fait bon vivre par temps de confinements divers.
Et pendant ce temps là
Devant le regard admiratif (trop?) des fidèles
Notre mémère Ninie
Pas encore mémère
Limonadière en chef
De son seyant tablier ceinte
Se glissait de la grande cafetière
Aux tables rectangulaires ou rondes
Dessus marbre
Entre
Quinze chaises cannées
Oui elles aussi !
Frôlant les quatre banquettes en bois verni
Et deux casiers à graines
Contenants en équilibre précaire
Sur son plateau patiné par le temps
Honorant des clients en terrasse
Confortablement attablés
Sur un banc et quatre chaises pliantes en bois
Le bonheur ne tenant qu’à un fil
A Lion sur Mer
Oùil se trouva momentanément
Le quatre juillet 1930
Julien décéda sans prévenir
Laissant seuls son épouse Sidonie
Et son fils mineur Bernard…
Pleine de ressources
Dure au mal
Sidonie survit à son malheur
Et épousa le dix huit juillet mille neuf cent trente trois
En la personne de Léonard K .
Un mécanicien ancien cafetier
Veuf sans enfant
De Mme Blanche-Marcelle-Juliette B .
En secondes noces
Et divorcé en premières noces
D’avec Mme Germaine-Arthurine-Marie M.
Quand une seconde main de quarante huit ans
Epouse une troisième main de neuf ans son cadet…
En 1942 elle célébra l’union de son fils Bernard 21 ans
Avec Gisèle- Thérèse- Mireille M.
Qui ne se doutait pas encore
Qu’elle serait la maman d’une fratrie de cinq ...
Trois ans après
Le 6 août 1945
A nouveau veuve
Toujours aussi résiliente
Sidonie choisit de dire « oui »
A Julien – Jean Marie- François C .
Qui naquit le 26 août 1885
De 3 jours son aîné...
Chef de chantier
Veuf en premières noces de Mme Maria B.
Avec un enfant majeur