Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
blogenvol
Archives
24 avril 2021

FIN D'UN MONDE D'AVANT CELUI D'AVANT...

 

 

 

P1100862

 

UN MONDE D’AVANT 2 (2-2)

 

Je me souviens, j’aimais...

 

Je me souviens avec délice de ces « petits riens » qui ont marqué mes vacances passées chez ma mémère Ninie lorsque les beaux jours de l’été nous inondaient de soleil et d’insouciance estivale…

 

J’aimais remplir le sac en tissu blanc cousu à cet effet, de ces grosses noisettes fraîches cueillies dans les chemins creux les plus proches, serrer le cordon et rentrer au plus vite, un avant goût de reviens-y dans la bouche…

Assis sur « ma » marche préférée de la remise, muni de « ma » pierre « casse noisette », je brisais chaque coque minutieusement afin de ne pas en écraser le fruit. Pincé entre le pouce, l’index et le majeur, celui-ci s’offrait à moi, comme résigné …Et moi de croquer le fruit pas défendu, croquer, croquer… rendant les armes lorsque mon ventre finissait par crier complet…

 

J’aimais passionnément ce moment privilégié que j’attendais avec une impatience non feinte : sonner l’angélus chaque soir dans l’église du village de St Pierre de Mailloc. Qu’elles étaient impressionnantes ces cordes,  dix fois plus hautes que moi ! Quel défi et quel bonheur de s’y suspendre pour mieux les tirer puis se laisser remonter emmené par l’élan, comme enivré par le tintement majestueux et intemporel de « mes » cloches »...

 

J’aimais le bruit lointain et ronflant du moteur de la voiture qui se rapprochait et apparaissait conquérante au sommet d’une longue côte  menant à la maison : une Renault 4CV chromée, véritable écrin étincelant, moteur à l’arrière, coffre à l’avant . Courbaturés mais fiers, Tonton Maurice et Tante Renée, les heureux propriétaires de ce bijou rutilant, se dépliaient laborieusement pour en sortir et reprendre contact avec la terre ferme…Lui était agent d’assurance et de prévoyance. Professionnel jusqu’au bout des ongles, il assurait aussi la bonne tenue de son pantalon en passant un sandow de vélo dans les coulants en guise de ceinture…

 

J’aimais jouer avec Zola dite « Zozo », la chienne cocker de couleur noire qui courait après ma balle, la gobait en plein vol et faisait semblant de ne pas vouloir me la rendre…Elle aboyait aussi de satisfaction en me voyant réussir à réceptionner le ballon lancé inlassablement contre le mur du pignon de la maison…

 

J’aimais la compagnie de la fille des locataires que je retrouvais chaque été . Brune et mignonne « à croquer » (comme les noisettes), elle s’appelait Martine, une dizaine d’années, comme moi, nous étions faits pour nous entendre ...   Assis , épaule contre épaule, sur le muret de clôture, insouciants, découvrant le monde, nous regardions passer les voitures et projetions un avenir commun… La Renault Dauphine, tout juste sortie des chaînes de fabrication serait notre 1ère voiture…Perdus de vue à la préadolescence, nous n’avons pas donné suite à notre projet ni aux autres d’ailleurs…Heureux destin puisqu’il s’est avéré que la Dauphine ne tenait pas la route…

 

 

J’aimais ce bruit et l’odeur caractéristiques des grains de café dansant la samba dans le moulin mural, tout en verre transparent, dont je tournais la manivelle avec autorité…Déjà le son et l’image vivante, écologique avant l’heure...

 

J’aimais défier mémère Ninie et éprouver chaque midi mes modestes connaissances au « jeu des mille francs », tout en mâchouillant de l’extrême bout des dents son maquereau maculé d’huile de friture à l’odeur si insistante…

 

J’aimais le moment où je pouvais enfin respirer le grand air en sortant des WC, un genre de toilettes sèche avant- gardistes, perdues au fond de la cour à droite, dotées d’un siège rectangulaire en bois dont il fallait ôter le couvercle avant de déposer son obole, dans l’agitation grouillante et gratouillante de belles grosses mouches aux nuances noires et bleues… Prévenante et économe, mémère Ninie accrochait des feuilles de papier journal, du quotidien à la revue, à un vieux clou devenu couleur « rouille » à l’usage et l’usure… J’en parcourais les potins divers…Bref ! Du papier à l’encre tenace, , d’époque, authentique, à double fonction, plis à volonté, à un seul trou (pas le trou de la fosse mais le trou du clou)…

 

J’aimais le retour du marché, chacun portant un cabas rempli entre autres de denrées invendues ou « abîmées », abandonnées par les marchands dans des poubelles de fortune ou des cageots à réformer…

 

Quelques dizaines d’années après, j’aime repenser avec délectation à tous ces moments inoubliables.

 

Not’ mémère Ninie, c’était « quéqu’un » !!!

 

P1100863

 

EPILOGUE

 

Après le décès de son 3ème mari

Le 14 septembre 1955

A Saint-Pierre de Mailloc

Elle résida à Riva-Bella

Dans sa petite maison

Baptisée du blanc nom d’HERMINE

Avant de migrer en maison de retraite

A Isigny sur Mer

On lui déconseilla les caramels...

 

Après 81 années

D’une vie pleinement vécue

Elle nous quitta sans notre autorisation

La nuit du 17 février 1966

J’avais alors 18 ans...

 

IMG_20180311_114811

Que reste t’il du « café de la terrasse »?

Champ de ruines

Dommage de guerre

Reconstruit 

Symbole d’une vie d’espoir

Des années folles ?

Loué

Puis vendu

Versé dans l’oubli

 

Fermé pour crise sanitaire

Limonadières en chômage partiel 

Verres même pas à moitié vides

Contenants en quête de contenus

Peu importe

Pourvu qu’on aie l’ivresse

 

Il faut savoir tourner la page

Ecouter le silence

Préparer un avenir

Digne et durable

Renouer avec la vie

La vraie !

En toute simplicité et modestie

Dans la joie de vivre retrouvée .

 

Maestro ! MUSIQUE !

 

 

Carte voeux 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Commentaires
blogenvol
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
52 abonnés
Visiteurs
Depuis la création 11 010
Pages
Publicité