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19 mars 2023

TANT QUE LES PETITES GOURMANDISES

 

Texte original publié en 2012 – revisité et illustré ce 22 mars 2023

 

 

 

PETITES GOURMANDISES D’ENFANCE

 

 

Un p’tit beurre, des…

 

PETIT BEURRE

 

 Ah le Petit Beurre… Je veux parler du « vrai », de l’authentique, pas de ses descendants dénaturés, mais du Petit Beurre Nantais, le Véritable ! Une pure merveille de biscuit, savant dosage de farine de blé, de sucre et de beurre.

Lorsque j’en sortais un du paquet, je le pinçais délicatement entre le pouce et l’index ; je ne pouvais m’empêcher d’en admirer la dorure plus prononcée des bords, l’échancrure discrète de ses quarante huit dents (quatorze par longueur, dix par largeur) et la fierté de ses quatre oreilles postées à chaque angle comme des sentinelles médiévales, intrigué par les vingt quatre points régulièrement disposés en son centre si poli.

C’était plus fort que moi, je ressentais comme une envie irrémédiable de le croquer avec l’âme d’un tailleur de Petit Beurre…Les quatre oreilles sans défense n’en menaient pas large ! Trop tentantes ! Tant pis pour elles ! Un Petit Beurre sans ses oreilles, c’est comme un rectangle sans coins ! Une espèce de maillot de corps à bretelles qui se transformait ensuite au gré de mon imagination du moment. Tout devenait possible, des formes les plus évocatrices à celles plus abstraites, toutes aussi mystérieuses les unes que les autres…Venait enfin l’étape fatale, celle de l’anéantissement total du biscuit, jusqu’à la dernière miette…Pétrifiés, les vingt trois autres Petits Beurres, oreilles en berne, semblaient se serrer davantage pour échapper à leur triste destinée...

 

Plénitude

 

 

OEUFS EN NEIGE

 

Lors des repas de famille, comme mes frère et sœurs, j’attendais avec une émotion retenue ce moment magique où notre mémère Suzanne apportait discrètement le régal de nos palais : un plat dans lequel trônaient, majestueux, les « œufs à la neige ». Un délice de dessert ! Un tableau « gustatif » de grand Maître : la crème anglaise d’un jaune pâle apaisant, froide à souhait et parfumée d’un soupçon de vanille, accueillant dans son lit cet incomparable nuage blanc zébré de sucre caramélisé. Une vraie gourmandise !

Il faut dire que notre mémère, toujours attentionnée, battait mieux que quiconque les œufs pour monter les blancs en neige en les fouettant toujours dans le même sens pour ne pas les brutaliser...

Elle n’avait pas besoin de mots, son sourire discret et complice suffisait à exprimer le bonheur et la certitude qu’elle ressentait de nous faire très très plaisir…Un silence « religieux » avant de passer aux choses sérieuses...

 

 

Sucettes à la « guigui »

 

 

 

Que dire aussi de cette suprême et onctueuse pâte de guimauve qui s’enroulait telle une liane amoureuse autour de son bâton préféré pour satisfaire mon palais délicat ? Ce parfum « banane » semblait prendre un malin plaisir à titiller mes papilles dans les belles soirées d’été d’alors.

 

 Coucou la praline !

Tout comme ces sublimes pralines encore chaudes et croustillantes à en faire pâlir d’envie les caramels mous !

 

 

 

 

 

Quand le riz blanc tombe en amour avec le chocolat noir

 

J’aimais également ce gâteau de riz blanc au chocolat noir, confectionné par notre maman. Je savourais lentement chaque cuillère pour apprécier le fondant et le moelleux de ce délice au goût si intense… Une gourmandise pour gourmets !  A déguster très froid de préférence pour avoir chaud au cœur...

 

Le « petit Jésus » les deux pieds dans le même sabot

Je ne peux oublier non plus le traditionnel sabot de Noël en chocolat, hébergeant un bébé qu’on me disait être « le petit  Jésus », tout de sucre rose vêtu, l’ensemble présenté dans un sachet de papier transparent enrubanné, sans doute pour ne pas qu’il ait la sombre idée de s’échapper. Le moment tant attendu, il fallait procéder au cérémonial : dénouer le ruban sans faire de nœuds parasites pour accéder au fruit pas vraiment défendu…Quant à l’unique orange de saison, celle de Noël, si odorante et colorée, je la trouvais tellement belle que je n’osais la manger. Je me contentais de la dévorer des yeux, retardant l’échéance, sans toutefois attendre l’hiver suivant…

 

 

 

 

Fromages de cœur

Je ne pouvais ignorer l’appel prolongé de la corne: c’était le signal du passage du vendeur ambulant de fromage blanc au bout de l’allée. Comme par réflexe pavlovien, j’accourais avec une grande assiette plate auprès de sa carriole à bras, jonchée de fromages moulés et d’immenses pots de crème fraîche. De la vraie crème…entière ! Le regard figé sur les tissus légers qui protégeaient les fromages, je salivais en attendant mon tour. Le fromager me délestait de mon plat, soulevait délicatement les voiles , disposait solennellement les fromages en forme de cœur et faisait couler une grande louche de crème entière dans un pot qui ne demandait qu’à être rempli à ras bord…Pour rien au monde je ne me serais laissé distraire sur le chemin du retour…

 

 

 

 

 

 

 Trous en liberté

Plus y a de trous moins y a d’fromage 

et réciproquement

mais chaque trou vaut le détour…

 

 

 

 

Dans la fratrie, on se battait presque pour être de corvée « fromagerie » ! Je revois encore ces meules impressionnantes, affinées à point, s’ouvrir sous la lame acérée du Maître fromager. Même les trous avaient du goût, petits ou grands !  Au point de n’en mordiller que les contours lors du retour à pied afin d’en préserver le nombre. Tout juste de quoi faire illusion auprès des parents, même si j’avais bien conscience de rapporter des trous au fromage et non l’inverse…

 

Pas vu pas pris !

 

Eveil de mes sens attisés par l’odeur et le crépitement des petites pommes de terre nouvelles. Tout juste sorties de l’éplucheuse, elles rissolaient au fond de la grande cocotte se baignant joyeusement dans un bon beurre normand bien de chez nous. Une fine poche dorée semblait peu à peuenvelopper chacune d’elles, comme pour la protéger des autres. Complice, ma spatule en bois leur assurait une dorure uniforme et... croustillante à souhait. J’étais contraint (enfin pas tout à fait !) d’en goûter une ou deux, voire trois ou un peu plus, pour en apprécier la juste cuisson… en attendant le repas avec la plus grande innocence…

 

 

C’était au siècle dernier

Epoque dorée

Innocence et insouciance

Petits plaisirs gourmands

D’autres encore

Un chapelet de décennies plus-tard

Un autre Monde

Perdu dans ses folies

Comme un arbre que l’on secoue

Pour faire tomber ses fruits

Des mirabelles ou des pommes

C’est selon les goûts

J’adore la tarte aux mirabelles

Encore que

Celle à la rhubarbe…

 

domcatelin 21 mars 2023

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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